DES FIGURES DE L’OMBRE
Elles évoluent parmi nous. Les équipes de recherche font appel à leurs expertises. Au quotidien. Discrets et indispensables rouages des activités de recherche, œuvrant loin des sirènes médiatiques. Sans elles, le cœur du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) est à l’arrêt. Lumières croisées sur cinq employés de la Direction de la recherche en temps de COVID‑19.
Le patient au cœur des préoccupations
Mars 2020, la pandémie frappe aux portes de la recherche clinique. Un ralentissement du recrutement de patients s’impose alors, la conduite des études cliniques doit être repensée.
Josée Leclerc, gestionnaire principale de la recherche clinique, et sa collègue Claudette Boily, coordonnatrice principale de la recherche clinique, sont aux avant-postes. Se réinventer au travail pour ne pas ralentir la recherche sonne comme un leitmotiv à leurs oreilles.
« Nos équipes de recherche ont dû s’adapter aux restrictions sanitaires, en synergie avec les services hospitaliers sollicités pour la réalisation des projets de recherche. Même si les projets COVID‑19 ont été priorisés, les activités de recherche jugées essentielles devaient être maintenues pour les projets dont l’interruption de traitements mettait en jeu la sécurité ou la santé immédiate des patients. Par exemple, les patients déjà sous protocole en oncologie devaient continuer à recevoir leurs traitements. COVID‑ 19 ou pas », explique Josée Leclerc.
Comme le rappelle Claudette Boily, « nous avons continué à évaluer des projets de recherche afin que nos équipes puissent reprendre progressivement des activités cliniques suivant l’assouplissement des mesures de confinement et les recommandations de la Santé publique. »
La crise a forcé chacun à revoir ses façons de faire. De nouvelles manières de fonctionner ont émergé telles que la livraison des médicaments à domicile, des alternatives pour l’obtention du consentement ou encore l’instauration de visites de suivi cliniques à distance (téléphone ou vidéoconférence).
De plus, afin de limiter l’accès aux installations, un système de connexion sécurisé donnant un accès à distance aux données des projets a été mis en place pour permettre aux auditeurs externes de s’assurer de la qualité des différents protocoles. Une avancée majeure qui devrait rester dans les pratiques post-pandémie.
Ces initiatives ont valu à nos deux comparses d’être invitées par la Table nationale des directeurs de recherche à participer à des groupes de travail sur le consentement et la surveillance à distance en temps de pandémie.
Josée Leclerc
Claudette Boily
Pour le bien-être des animaux
Considéré comme un service essentiel, l’animalerie du CRCHUM, qui prodigue les soins aux animaux et s’assure de leur sécurité et de leur bien-être, n’a jamais cessé ses activités depuis le début de la pandémie. Autour d’Hélène Héon, vétérinaire et chef de service, une équipe d’une trentaine de personnes a fait corps. Beau temps, mauvais temps.
« Le premier mois a été plutôt… rock’n’roll, se souvient-elle avec émotion. Après le choc initial, il a fallu réorganiser le travail à l’animalerie, établir les mesures de prévention et poursuivre nos activités malgré des approvisionnements restreints en équipements de protection et désinfectant, indispensables à nos services. Dans ce contexte si particulier de début de pandémie, il a fallu se concentrer sur les soins et le bien-être des animaux, et sur les besoins du personnel pour qu’on puisse travailler en toute sécurité. »
Distanciation physique, nouvelles procédures sanitaires ou circuit de déplacement sont des aménagements qui ont rapidement fait partie de la routine du personnel de l’animalerie.
Rien de surprenant : le respect rigoureux des procédures sanitaire a toujours été essentiel à l’animalerie pour éviter de contaminer l’environnement par des pathogènes et de fausser des résultats de recherche.
Pour maintenir la qualité des soins, Hélène Héon et son équipe ont mis à plat le fonctionnement de leur service et ont vérifié s’il était possible de l’optimiser dans les circonstances. Verdict? « Après une analyse approfondie de différents scénarios catastrophes, on s’est rendu compte que nos procédures étaient efficaces et que l’on travaille déjà dans des conditions optimales. C’est un bon contrôle qualité! »
Le CRCHUM détient, il est vrai, un certificat de bonnes pratiques animales décerné par le Conseil canadien de protection des animaux, un organisme national responsable de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’encadrement de normes élevées pour l’éthique animale et les soins aux animaux dans le domaine scientifique au Canada.
Sa pire inquiétude? Que la laverie, chargée du nettoyage des cages des rongeurs, soit forcée de stopper ses activités en raison de cas de COVID‑19 dans l’équipe. Un effet domino qui signerait la mise sur pause de l’animalerie.
Une chance, le service n’a connu aucun temps mort, la recherche non plus. Quant aux animaux, ils ont pu bénéficier des soins toujours attentifs et dévoués d’une équipe solidaire où l’entraide a primé malgré la fatigue.
Hélène Héon
La biosécurité avant tout
Malgré un contexte sanitaire pour le moins difficile, Laurent Knafo, conseiller santé-sécurité au travail et agent de la sécurité biologique, a conservé une routine dans l’adversité : être présent au travail tous les jours, tel un véritable phare dans la nuit pandémique pour toutes les équipes de recherche. Celles qui se sont orientées dès mars 2020 vers la COVID‑19 et les autres.
Aider la communauté de recherche du CRCHUM à aller de l’avant avec leurs projets le motive au quotidien. Une ardeur redoublée par le fait d’avoir vu les équipes de recherche se mobiliser en peu de temps pour participer à la lutte contre la COVID‑19.
L’un de ses plus grands projets l’a amené à certifier auprès de Santé Canada le laboratoire de niveau de confinement 3 (NC3) pour cultiver et manipuler le SRAS‑CoV‑2, virus responsable de la pandémie de COVID‑19, et ses variants. Un processus laborieux qui a pu se réaliser en quatre mois seulement grâce à la mobilisation de Honeywell, partenaire responsable des activités d’entretien du Centre de recherche.
Adapter les mesures de protection, revoir complètement le manuel de sécurité du laboratoire et les procédures d’urgence en collaboration avec Santé Canada et le CHUM, évaluer les risques de nouveaux projets de recherche sont autant d’exemples qui ont pimenté les semaines de Laurent Knafo lors de la certification NC3.
« Ma plus grande angoisse? Que notre Centre de recherche ferme à la suite d’une éclosion, même si je sais que de strictes mesures sanitaires sont en place. Avec cette pandémie, je crois que mon rôle est mieux reconnu », dit-il.
Au plus fort de la pandémie, il a pu compter sur le soutien de ses collègues du réseau pancanadien d’agents de sécurité biologique. Au menu : échanges de conseils, de protocoles ou de bonnes pratiques. De quoi lui faire dire que cette crise sanitaire nous a bien préparés à la prochaine.
Laurent Knafo
Depuis plus d’un an, le tiers de la population active canadienne est en télétravail. Productifs depuis leur domicile, la majorité des télétravailleurs entend bien adopter cette façon de vivre le travail une fois la pandémie maîtrisée.
« La pandémie sera vécue comme une cassure, rappelle Christine Bellefeuille, conseillère senior en ressources humaines. Entre ce qui se faisait avant et aujourd’hui, ce que l’on prenait pour acquis! Malgré ses limites connues comme l’isolement professionnel et social, le télétravail va devenir la norme. Des aménagements en matière de flexibilité des horaires et de la conciliation travail-vie personnelle sont bien sûr à prévoir. »
Au CRCHUM, l’équipe des ressources humaines a fait preuve de résilience et a su accompagner les gestionnaires et les rassurer sur la capacité de leurs employés à s’autogérer. « Tant qu’il y a du respect, de l’écoute, de l’empathie et un bon service à la clientèle, cela fonctionne. Même à distance! »
Et, de l’empathie et de la compassion, il en a fallu à l’équipe RH qui a su guider et soutenir dans leurs démarches des membres endeuillés de la grande communauté du CRCHUM. Au-delà de la suite de chiffres quotidiens annoncés par les médias, les décès ont un visage familier.
« La reconnaissance de la recherche comme une activité essentielle est une excellente chose. Sa mise à l’avant-plan dans l’avancement des connaissances pendant plus d’un an aussi, notamment pour le recrutement de la relève. »
Avec ou sans pandémie, la vie continue. Différemment.
Christine Bellefeuille
Christine Bellefeuille
Depuis plus d’un an, le tiers de la population active canadienne est en télétravail. Productifs depuis leur domicile, la majorité des télétravailleurs entend bien adopter cette façon de vivre le travail une fois la pandémie maîtrisée.
« La pandémie sera vécue comme une cassure, rappelle Christine Bellefeuille, conseillère senior en ressources humaines. Entre ce qui se faisait avant et aujourd’hui, ce que l’on prenait pour acquis! Malgré ses limites connues comme l’isolement professionnel et social, le télétravail va devenir la norme. Des aménagements en matière de flexibilité des horaires et de la conciliation travail-vie personnelle sont bien sûr à prévoir. »
Au CRCHUM, l’équipe des ressources humaines a fait preuve de résilience et a su accompagner les gestionnaires et les rassurer sur la capacité de leurs employés à s’autogérer. « Tant qu’il y a du respect, de l’écoute, de l’empathie et un bon service à la clientèle, cela fonctionne. Même à distance! »
Et, de l’empathie et de la compassion, il en a fallu à l’équipe RH qui a su guider et soutenir dans leurs démarches des membres endeuillés de la grande communauté du CRCHUM. Au-delà de la suite de chiffres quotidiens annoncés par les médias, les décès ont un visage familier.
« La reconnaissance de la recherche comme une activité essentielle est une excellente chose. Sa mise à l’avant-plan dans l’avancement des connaissances pendant plus d’un an aussi, notamment pour le recrutement de la relève. »
Avec ou sans pandémie, la vie continue. Différemment.