IMMUNOPATHOLOGIE
SRAS-CoV-2
Comprendre et informer
Andrés Finzi est un spécialiste du virus… de l’immunodéficience humaine (VIH). Au mois de mars, comme beaucoup de ses collègues du Centre de recherche, il a réorienté ses activités vers un autre virus : le SRAS‑CoV‑2, responsable de la pandémie de COVID‑19. Aujourd’hui, aucun vaccin ou médicament n’est disponible pour lutter contre cette maladie. Devant l’urgence d’agir, le chercheur a mobilisé les forces vives de son équipe.
Contrairement au VIH, les virologistes ont une courte longueur d’avance sur ce coronavirus. Ils connaissent le point faible de ce proche cousin du SRAS qui avait frappé en 2003 : les glycoprotéines . Le virus utilise ces protéines comme une sorte de « clé » pour débarrer la porte des cellules saines, y entrer et les infecter. Andrés Finzi et ses collègues travaillent à mieux comprendre comment fonctionne cette « clé » et comment la modifier pour la rendre inutilisable.
Son laboratoire identifie aussi des molécules, déjà utilisées pour d’autres maladies, qui pourraient bloquer le mécanisme employé par cette « clé » pour envahir les cellules saines. L’objectif de cette approche : développer plus rapidement un médicament efficace.
Aujourd’hui, le diagnostic des personnes atteintes de la COVID‑19 se fait par détection de la présence du matériel génétique du virus. Ces tests ont leurs limites : ils ne déterminent pas si un individu a déjà été infecté par le virus et s’il en est guéri.
En étroite collaboration avec Héma‑Québec, l’équipe d’Andrés Finzi a mis au point des tests de sérologie qui détectent la présence d’anticorps ciblant cette « clé » du virus. De quoi avoir une idée plus précise de la progression de l’épidémie au Québec, et identifier les personnes guéries, susceptibles de donner leur plasma pour traiter les patients infectés.
La puissance d’une voix
Au sein de l’axe Immunopathologie, une autre chercheuse est aussi très occupée. Que ce soit dans son laboratoire spécialisé dans l’étude des virus respiratoires ou sur la scène publique.
Cofondatrice de la Société canadienne pour la virologie et responsable de l’axe, Nathalie Grandvaux essaie d’identifier avec son équipe les mécanismes cellulaires qui favoriseront une réponse antivirale appropriée, et ceux qui éviteront que la réponse immunitaire de l’organisme soit démesurée lors d’une infection. Le risque? La tempête inflammatoire. Lancée par un système immunitaire hors de contrôle, cette déferlante balaie tout sur son passage, cellules infectées comme cellules saines.
L’expertise de Nathalie Grandvaux est une denrée rare. Les Fonds de recherche du Québec ne s’y sont pas trompés lors de la création du Réseau québécois COVID. Ils l’ont nommée codirectrice du Réseau. Elle et ses collègues veilleront à coordonner les efforts de recherche au niveau provincial, afin d’accélérer les découvertes et d’être mieux préparés pour faire face à la prochaine pandémie.
Face à la désinformation et aux fausses nouvelles, le centre de recherche s’attache à communiquer au public les faits scientifiques validés et les données probantes. Un devoir collectif. Une responsabilité individuelle partagée par de nombreux chercheuses et chercheurs.
Dans la nuit noire de la pandémie, la voix de Nathalie Grandvaux a percé. Pas un murmure. Plutôt une voix forte et rassurante qui a creusé son sillon jusqu’aux oreilles de la population.
À de nombreuses reprises dans les médias nationaux, dans des panels de discussion avec les citoyens ou à la rencontre d’écoliers, ses messages, empreints d’un langage clair et accessible, ont su convaincre les Canadiens.
Sa parole a su rappeler, à ceux qui en doutaient, que la science doit continuer de dialoguer avec la société. Encore et toujours.
Un travail de l’ombre éclairant
Étudier des maladies infectieuses ne peut se faire dans un environnement de travail ordinaire. Au Centre de recherche, les équipes de recherche ont accès à un laboratoire de niveau de confinement 3 (NC3) pour manipuler en toute sécurité certains types de virus et autres agents pathogènes.
À la tête de cette infrastructure de haute technologique, Olfa Debbeche. Présence incontournable, elle y forme le personnel selon les bonnes pratiques de laboratoire et les normes de biosécurité, et supervise entre autres les utilisateurs du NC3.
Pour cette ancienne postdoctorante dans le laboratoire d’Andrés Finzi, côtoyer au quotidien les équipes de l’axe Immunopathologie l’aide à saisir la portée des projets de recherches en cours, à les appuyer adéquatement et à contribuer à l’avancement de la recherche fondamentale.
Avec l’arrivée du SRAS‑CoV‑2, l’audace de chercher plus loin a souvent pris forme dans le NC3, un monde de pathogènes dans lequel elle garde un pied. Et répond toujours présente. Pandémie ou pas.