CARDIOMÉTABOLIQUE
Obésité et diabète
Cibler les cellules graisseuses
Sa curiosité scientifique, Yves Mugabo la tient de son père, un épidémiologiste rwandais qu’il accompagnait dans ses voyages lorsqu’il était enfant. Cette figure paternelle a tracé la voie au chercheur postdoctoral qu’il est aujourd’hui.
Si Marie Curie, la scientifique, l’a toujours inspiré, ce n’est pas un hasard. « Il faut croire que l’on est doué pour quelque chose, et que, cette chose, il faut l’atteindre coûte que coûte », disait-elle. En ce sens, la détermination et l’excellence du travail du chercheur ont porté ses fruits.
En 2019, sélectionné parmi plus de 200 candidats, il remporte l’une des prestigieuses bourses Banting décernées par les Instituts de recherche en santé du Canada. Une bourse postdoctorale qui l’encourage à poursuivre des travaux de recherche prometteurs afin d’identifier des cibles thérapeutiques pour traiter l’obésité, le diabète de type 2 et d’autres maladies cardiométaboliques.
Les retombées envisagées sont conséquentes. Au pays, près de 25 % des Canadiens sont en surpoids ou obèses. Et, les mauvaises habitudes alimentaires ou le manque d’exercice physique ne sont pas toujours en cause. La réalité est plus complexe.
Une approche unique
Bien que l’obésité soit un facteur de risque connu du diabète de type 2 et de maladies cardiaques, aucun traitement ne permet de maintenir une perte de poids à long terme. Aucun traitement ne cible non plus directement l’obésité.
Jusqu’à présent, la recherche s’est plutôt concentrée sur le développement de traitements pour le diabète de type 2.
Sur ce point, Yves Mugabo et son directeur de recherche, Gareth E. Lim, détenteur de la Chaire de recherche du Canada sur la formation des adipocytes, ont choisi une approche radicalement différente.
Pour eux, l’aventure scientifique commence au niveau des cellules graisseuses, ou adipocytes, qui sont une des clés de l’obésité.
Dans leur laboratoire, ils essaient de mieux comprendre comment ces cellules se développent, croissent et forment des masses graisseuses. Ils ont découvert, par exemple, que la protéine d’échafaudage, nommée 14-3-3zêta, joue un rôle essentiel dans la croissance des cellules graisseuses.
Bien que leurs avancées soient encore au stade de la recherche fondamentale, décoder le fonctionnement de cette protéine et trouver des façons de la cibler pourrait mener à des traitements de l’obésité, et par ricochet, réduire le risque de développer un diabète de type 2.
Pour Gareth E. Lim, travailler avec Yves Mugabo est une expérience enrichissante. « Ses connaissances, sa curiosité scientifique, et sa capacité d’appliquer à ses expériences de nouvelles idées, issues de nos discussions scientifiques, nous ont d’ores et déjà conduits à d’intéressantes découvertes. »
Son directeur n’est pas le seul à louanger les talents de son collègue. Lors du Next Einstein Forum tenu en 2018, Yves Mugabo été choisi comme l’un des meilleurs jeunes scientifiques africains. Une reconnaissance dont il est fier et qui lui permet aujourd’hui de redonner à son continent d’origine en travaillant avec des décideurs politiques, des industriels et des gouvernements. À son tour, il entend inspirer de jeunes scientifiques africains et favoriser leur émergence sur la scène internationale.
À ta santé… connectée !
Un Québécois sur cinq âgé de plus de 40 ans devra faire face, une fois dans sa vie, à de l’insuffisance cardiaque, une des importantes causes d’hospitalisation au pays. Devant la difficulté à maintenir des soins complexes une fois rendus à domicile, de nombreux patients, souvent atteints aussi de diabète, sont réadmis à l’hôpital.
Avec son projet Continuum, le Dr François Tournoux, chercheur et cardiologue au CHUM, les encourage à poursuivre leur traitement à domicile par le biais d’une application numérique.
Développée par le CRCHUM et ses partenaires Boehringer Ingelheim, Greybox Solutions et MEDTEQ, cette technologie permettra aux patients de jouer un rôle plus actif dans la prise en charge de leur santé et réduira le nombre de réadmissions à l’hôpital.