Le patient d'abord

« La perspective du patient est primordiale dans la recherche pour améliorer les soins. Après une greffe poumons-foie en 2012, je suis resté très actif physiquement. Je pense que l’exercice et les saines habitudes de vie ont contribué à régulariser mon diabète et à me garder en forme. Aujourd’hui, je participe comme patient partenaire à toutes les étapes d’un programme de recherche qui a pour objectif d’améliorer la condition physique des patients après une greffe de rein ou de foie. Nous sommes en train de recruter des participants. Mon rôle sera d’agir un peu comme un coach pour les patients dans cette aventure. »

Alexandre Grégoire, greffé poumons-foie et patient-partenaire

L’exercice avant et après une greffe

Les personnes qui souffrent  d’insuffisance rénale et hépatique peuvent espérer une nouvelle vie grâce à la transplantation. Mais leur risque de mortalité cardiovasculaire demeure élevé. Si l’exercice physique constitue une avenue prometteuse, les bénéfices n’ont jamais été prouvés chez cette population. C’est ce que tentera de démontrer l’équipe de Dre Agnès Räkel, qui travaille étroitement avec Alexandre Grégoire, un patient du CHUM receveur d’une greffe poumons-foie en octobre 2012.

Depuis le lancement du projet en janvier 2015, Alexandre Grégoire s’est impliqué dans diverses activités de formation et de recrutement de participants pour cette recherche. Il s’est allié un petit groupe de patients pour l’aider au recrutement de 100 greffés au cours de la prochaine année. Il prend part à toutes les étapes du protocole de recherche, de l’élaboration de l’hypothèse de départ jusqu’à la communication des résultats.

La recherche centrée sur le patient

Le patient est au cœur de nos activités de recherche. Au cours de la dernière année, le CRCHUM s’est doté d’un plan de développement de la recherche centrée sur le patient.

Pivot entre la recherche fondamentale et la recherche en santé des populations, la recherche centrée sur le patient se définit comme la recherche biomédicale effectuée à partir de données recueillies sur des participants humains. Elle comprend les essais cliniques pour démontrer l’efficacité et l’innocuité d’un nouveau médicament ou d’un dispositif médical, ainsi que la recherche évaluative pour prévenir et traiter les maladies. L’objectif est de comparer les découvertes aux traitements existants afin de déterminer quelles interventions sont les plus bénéfiques, pour ultimement transférer ces nouvelles connaissances vers le système de santé et les pratiques cliniques.

« Avec l’ouverture prochaine du nouveau CHUM, les soins, la recherche et l’enseignement seront centralisés dans un seul complexe hospitalier de pointe. Nous devons saisir l’opportunité de développer la recherche centrée sur le patient au CHUM, pour accélérer le transfert des connaissances générées par cette synergie unique vers les patients. C’est la clé du succès pour assurer une recherche innovante et intégrée à la pratique clinique. Notre ambition est de devenir l’un des meilleurs centres de recherche clinique au Canada d’ici 10 ans. C’est l’objectif du plan d’action que nous avons mis en route cette année. Les médecins, les chercheurs et tous les professionnels de la santé vont travailler plus que jamais ensemble pour trouver des solutions novatrices pour prévenir les maladies et promouvoir la santé. »

Dr Paul Hébert, directeur adjoint scientifique – Recherche clinique

Des investissements publics structurants

Les gouvernements du Québec et du Canada misent sur la recherche centrée sur le patient en créant des réseaux et en finançant des projets qui rassemblent l’expertise des meilleurs chercheurs au Québec et au Canada dans leur domaine.

Le CHUM participe à plusieurs initiatives issues de la Stratégie de recherche axée sur le patient (SRAP) du Canada, une coalition nationale de partenaires voués à intégrer les résultats de la recherche dans les soins, afin d’en améliorer la qualité et l’accessibilité. Le CHUM et l’Université de Montréal pilotent également la composante Études cliniques en contexte réel de l’Unité de soutien SRAP Québec. Sous la direction de Janusz Kaczorowski, chercheur au CRCHUM et responsable de l’axe Évaluation, système de soins et services, cette unité de soutien développe des procédures et des outils méthodologiques adaptés aux enjeux de la recherche clinique de calibre mondial.

3 initiatives novatrices centrées sur le patient

« Nous avons mis sur pied  un réseau de recherche en toxicomanie dont l’objectif est de générer des connaissances qui vont transformer les pratiques et les interventions en abus de substances, principalement en ce qui concerne les drogues illicites et la consommation non médicale de drogues pharmaceutiques. »

Dre Julie Bruneau, chercheuse et chef du département de médecine générale du CHUM

« Par l’intégration de la recherche aux services cliniques, nos patients bénéficient de traitements à la fine pointe de ce qui se fait dans le domaine. Ils ont accès en primeur à de nouveaux médicaments et de nouvelles approches, et on leur offre des traitements psychosociaux de qualité. »

Dr Didier Jutras-Aswad, psychiatre et chercheur au CRCHUM

Toxicomanie

Depuis février 2015, la Dre Julie Bruneau, médecin et chercheuse au CRCHUM, dirige le volet du Québec et des Maritimes de l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances. Ce programme de recherche pancanadien se consacre à la prévention et au traitement de la toxicomanie. La Dre Bruneau a obtenu un financement de 1,8 millions de dollars pour cinq ans afin de coordonner une équipe de 61 chercheurs et experts en toxicomanie.

En février 2016, les Drs Julie Bruneau et Didier Jutras-Aswad ont lancé le premier projet de recherche majeur issu de cette initiative, l’étude OPTIMA : « Optimiser les soins centrés sur le patient : essai contrôlé randomisé pragmatique comparant des modèles de soins pour la prise en charge du mésusage d’opioïdes sur ordonnance ».

Cette vaste étude clinique vise à mieux traiter les personnes dépendantes aux opioïdes sur ordonnance. L’abus de ces médicaments antidouleur comme la morphine, l’hydromorphone, l’oxycodone ou le fentanyl représente un réel fardeau de santé publique. Pour contrer l’épidémie de morts par surdoses et mieux soigner les personnes aux prises avec une intoxication, les chercheurs vont comparer l’efficacité de deux modalités de traitements, soit avec la méthadone ou la buprénorphine-naloxone. Initialement développés pour des personnes héroïnomanes, les chercheurs veulent déterminer quel traitement est le plus approprié pour la réalité, maintenant plus complexe, des diverses personnes ayant développé une dépendance aux opioïdes d’ordonnance. Le recrutement de 240 patients va débuter au cours de l’automne 2016 partout au pays et les résultats seront connus à l’automne 2018.

 

Hépatite C

En juillet 2015, la chercheuse Naglaa Shourkry a obtenu une subvention de 4,5 millions de dollars pour diriger le Réseau Canadien sur l’hépatite C (CanHepC), conjointement avec la Dre Julie Bruneau.

À terme, ce réseau vise l’éradication pure et simple de l’hépatite C au Canada. Environ 220 000 Canadiens sont atteints par cette infection qui peut entraîner de graves conséquences comme la défaillance ou le cancer hépatiques. Naglaa Shoukry et son équipe de 60 chercheurs, professionnels de la santé et partenaires de partout au pays travaillent à parfaire les stratégies de prévention, à améliorer l’accès et la conformité au traitement et enfin à mieux comprendre les défis de santé auxquels font face les personnes vivant avec l’hépatite C. « Nous voulons réduire la transmission du virus, mettre au point des vaccins, accroître le nombre d’infections guéries – en particulier chez les populations vulnérables – et améliorer l’état de santé des personnes vivant avec l’hépatite C  grâce à des stratégies de traitement innovantes et une panoplie de soins», explique Naglaa Shoukry, investigatrice principale du réseau.

 

Cybersanté

En février 2016, la chercheuse Shalini Lal a obtenu une subvention de 1 075 000 dollars pour piloter un programme de démonstration qui vise à améliorer l’accès des adolescents et des jeunes adultes à des services de santé mentale dans le réseau public grâce aux nouvelles technologies. Ce projet est financé par le gouvernement du Canada à travers le Programme de partenariats pour l’innovation en cybersanté et la Fondation Graham Boeckh.

Sachant qu’une personne sur cinq sera touchée par une maladie mentale au cours de sa vie et que la plupart des maladies mentales apparaissent avant l’âge de 25 ans, les jeunes sont particulièrement vulnérables. « Les nouvelles technologies peuvent être utiles pour s’assurer que la première expérience d’accès aux soins soit positive, fait valoir Shalini Lal. Si un jeune tombe sur un répondeur ou qu’il doit expliquer plusieurs fois à différentes personnes son motif de consultation, ça peut augmenter sa détresse psychologique et le décourager d’aller chercher l’aide dont il a besoin ». Pour s’attaquer à ce problème, Shalini Lal dirige le développement et l’évaluation d’un nouveau système d’autoréférence et de gestion des demandes de communication, afin de favoriser l’accès direct et rapide à des services en santé mentale pour les jeunes de 11 à 25 ans.